Chapitre 32

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Alors que nous habitions près de la rue Mouffetard, mon père, lui, travaillait

Au Bazar de l’Hôtel de Ville, et ma mère brodait des barboteuses pour compléter

Le salaire du BHV, et moi je faisais rien de spécial sinon écouter les histoires

Qu’on raconte aux enfants lorsqu’il n’y a pas de télé à la maison.

Maman ne voulait pas de chat chez nous, alors on n’a pas eu de chat,

Il aurait fallu lui donner du lait tous les jours et ça coute cher. À l’époque,

Faire des économies était bien vu, il y avait même des cours de couture et de cuisine

Préparant les fillettes à concocter quelque chose avec presque rien.

La tendresse n’était pas de mise dans la famille,

Mes parents ne se sont jamais aimés, l’amour était un luxe pour les riches.

Quant à moi, j’étais bien dans mes phantasmes,
Au point de les porter quelquefois à la limite de la folie. Extérieurement, pour les autres,

Je restais toujours un gentil petit garçon, on m’a toujours respecté, alors enfant,

Je fus d’une chasteté absolue, et si un homme de maison disait un mot de trop,

Sitôt il était mis à la porte, chez nous on ne transigeait pas, on tranchait.

Jusqu’à mon adolescence, je n’étais informé de rien de ce qui touchait au sexe,

Trop dégoûtant et pas fait pour les enfants. S’il nous arrivait de voir une belle femme

Marcher sur le trottoir, on tournait la tête rouge de honte, effrayés même.

On m’avait dit des choses sur les accouplements des humains,

Sans compter sur ceux des chiens, et tout cela me soulevait le coeur.

Je me promis qu’on ne m’y prendrait pas,

Je resterai en dehors de tout ça toute ma vie.

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